Paul Klee, le célèbre peintre, au cours d’une de ses  fulgurances coutumières avait énoncé :

L’art ne reproduit pas le visible. Il rend visible.

Le rapprochement, le télescopage des deux photos est saisissant et semble lui donner raison. Sur celle de gauche, nous sommes dans la Florence des 15ème et 16ème siècles en la Cathédrale Santa Maria del Fiore. Sa durée de construction est déjà de l’ordre de deux siècles, en 1418, lorsqu’il s’agit d’imaginer le gigantesque dôme qui viendra couronner le tout. Filippo Brunelleschi avec une audace incroyable gagna le concours. Les mathématiques, dont l’étincelle fut allumée quelques millénaires avant dans le lointain Orient trouvaient dans ce chef d’œuvre d’ingénierie une application réelle. Comme dans le cas des peintres de la Renaissance, au même endroit et à la même période qui ont révolutionné leur art avec l’introduction de la perspective calculée : Masaccio, Piero della Francesca, Fra Lippi ou encore Paolo Uccello pour n’en citer que quelques-uns.

Il faudra attendre un siècle de plus pour que Giorgio Vasari recouvre la chaux brute d’une fresque de près de 4000 m2. L’iconographie est pensée avec son ami humaniste Borghini et présente un Jugement Dernier (en rivalité directe avec celui de Michel-Ange).
Quiconque a eu la chance de se trouver juste en dessous pour la contempler pourra témoigner du sentiment de transcendance qui l’envahit inévitablement.

Sur la photo de droite, retour à l’immanence : nous sommes au CERN dans le LHC, autrement appelé Grand Collisionneur de Hadrons. Ici, entre autres a été cherché et trouvé le boson de Higgs, improprement appelé « Particule de Dieu ».
Près de 5 siècles séparent ces deux chefs d’œuvres de l’humanité. Pourtant la quête est identique : celle de dépasser notre horizon et nos contingences humaines.
L’Octogone, puissant symbole, par sa taille semble le même, sa finalité diffère évidemment d’une photo sur l’autre… mais au fait : en sommes-nous si sûrs?

F6 Team